Quand la Bible parle avec violence : que faire des textes violents dans la réflexion théologique et pastorale ?
30 août-2 sept. 2022
Université de Lorraine, UFR ALL et SHS île du Saulcy - Metz (France)
https://acfeb-metz-2020.sciencesconf.org
De manière peut-être quelque peu utopique mais néanmoins ardemment souhaitée, les religions, quelles qu'elles soient, prônent un monde où la paix règne et où il fait bon vivre ensemble. Mais force est de constater que la violence habite trop souvent les textes fondateurs des grandes religions, au risque qu'ils deviennent des lieux porteurs de fanatisme et de dogmatisme et d'alimenter un certain repli identitaire. On peut, dès lors, comprendre qu'il peut être difficile pour un lecteur contemporain – qu'il soit ou non croyant – de prendre en compte ces textes particuliers dans le cadre d'une réflexion plus large sur lui-même, la société ou le monde, ou simplement de les lire sereinement, sans les rejeter ou en faire une caricature. Dans le domaine des études bibliques, cette question a aussi été amplement creusée, tant du point de vue historique que littéraire ou théologique. On a pu ainsi amplement montrer que ces textes sont des constructions historiques, empreintes d'une vision juridique et politique particulière, des émanations d'une culture située dans le temps et dans l'espace. Il est dès lors fondamental de connaître au mieux cette culture pour en comprendre les expressions, même lorsqu'il s'agit de violence. Car ces textes ne délivrent pas un message « clé en main ». Pour tenter de canaliser cette réalité souvent envahissante ils mettent en place une part belle à cette réalité humaine, c'est peut-être aussi pour prendre distance avec elle et essayer ainsi de la comprendre en la racontant. Ainsi raconter la violence est une manière de la contextualiser et peut-être aussi de lui résister. Cela demande bien évidemment aussi une contextualisation et une interprétation de la part du lecteur qui, aujourd'hui, se trouve confronté à ces textes, qu'il soit ou non croyant. Ce n'est que de cette façon, en prenant au sérieux la violence exprimée de diverses manières, que le lecteur pourra la penser, sans la rejeter d'emblée, ni la caricaturer ou s'en dédouaner à moindre coût. Prise au sérieux, la violence racontée, comme en miroir, pourra dès lors interroger la violence même du lecteur et de la société dans laquelle il vit, une violence qu'il peut lui-même nourrir, bien que très souvent de manière inconsciente. Telle est probablement la voie de la paix, d'une société plus juste et harmonieuse qui aille au-delà du vœux pieu. Par le biais des conférences et des séminaires/ateliers le colloque tentera de répondre à quelques questions fondamentales, dont les suivantes ne sont qu'une illustration : - Comment identifier et qualifier un texte comme violent ? Certains textes qui ne semblent pas présenter de caractère violent a priori, peuvent cependant être porteurs d'une violence implicite, d'autant plus redoutable et sournoise qu'elle avance masquée, comme ce peut être le cas aux violences liées à des questions de genre, d'ethnie, de condition ou de situation sociale, d'orientations sexuelles, etc. - De quelle manière la Bible, le Coran et d'autres textes fondateurs traversent et assument la violence ? - Comment intégrer ces textes violents dans une réflexion qui interroge à la fois la violence, l'enfermement et les étroitesses dont la politique, la justice, les positions de la communauté croyante, voire de la société elle-même, peuvent faire preuve ? Et comment faire en sorte que cette réflexion ne soit pas éthérée mais puisse avoir des répercussions concrètes ? - Si les textes fondateurs ont comme but principal de produire du sens, qu'en est-il du sens produit par les textes violents ? - Comment se confronter à ce concept ambigu qu'est la violence dans un contexte particulier tout en respectant l'autre et la tradition dans laquelle il s'inscrit ?
Discipline scientifique :
Sciences de l'Homme et Société
Lieu de la conférence