A vrai dire ». Économies du témoignage dans les mondes hispanique et latino-américain (Moyen Âge- XXIe siècle)
2-5 juin 2025
Faculté Arts Lettres Langues et Sciences Humaines - ALLSH, 29 Avenue Robert Schuman 13100 Aix-en-Provence - Aix-en-Provence (France)
Si, à l’origine, le témoignage est circonscrit au cadre religieux et judiciaire, on observe
aujourd’hui une extension de ses acceptions et de ses formes, ainsi qu’une expansion de ses
pratiques. Récits d’une expérience spirituelle, récits des opprimés et des minorités, des auteurs
ou symétriquement, des porteurs d’une offense, récits, encore, d’une réalité extra-ordinaire
(explorateurs, voyageurs) ou d’une intimité singulière, l’éventail du témoignage est vaste et
protéiforme. Il dépasse largement le prétoire et l’Église, pour s’inscrire, alors, au coeur de la
démarche historienne et de nombreuses sciences sociales aux yeux desquelles il est à la fois
source et objet d’étude. Il alimente également la littérature et les discours des médias, au
point que certains y voient un phénomène de mode développé autour du « marché de la
confession »1.
Plus spécifiquement, sa valeur de « trace » le place au fondement d’une culture mémorielle
dont les dernières décennies ont consacré la mondialisation. C’est qu’il confère leur vérité à
ses combats éthiques et politiques, mais aussi bien à ses entreprises consuméristes – la mémoire
est un bien culturel des sociétés de consommation.
Ainsi, les sociétés d’Espagne et l’Amérique latine sont-elles entrées progressivement dans
« l’ère du témoin »2. On peut dater le processus : les deux aires relèvent respectivement des
seconde et troisième vagues de justice transitionnelle qui se sont succédé depuis la Seconde
Guerre Mondiale3. La Guerre Civile espagnole (1936-1939) et la longue dictature du Général
Franco (1939-1975) d’une part ; la multiplication, à partir des années 1960-1970, des régimes
répressifs et conflits armés du sous-continent latino-américain, de l’autre, ont mis au jour la
nécessité d’interroger ce passé conflictuel et traumatique comme préalable à la
(re)construction démocratique.
Le témoignage est donc, ici, de toutes les batailles judiciaires et nourrit une histoire du temps
présent de plus en plus urgente. Ce foisonnement discursif, comme l’intérêt qu’il suscite
devront être interrogés.
Discipline scientifique :
Sciences de l'Homme et Société
Lieu de la conférence