Colloque des Doctorant·es et Jeunes Chercheur·euses SFL : La notion d'interface en sciences du langage
5-6 juin 2025
59-60 Rue Pouchet, Paris 75017, Salle de Conférences - Paris (France)
En sciences du langage, le concept d’interface permet de comprendre les interactions entre les différents niveaux d’analyses linguistiques et leurs implications interdisciplinaires. Nous définissons les interfaces comme les liens, connexions et/ou fonctionnements joints de plusieurs concepts linguistiques et extralinguistiques. Ainsi, l’interface, comprise comme un terme polysémique et pluriel, renvoie à des contacts entre différents domaines de la linguistique formelle et appliquée : dans son sens très formel (Chomsky et Halle, 1973 ; Chomsky, 2001), entre le langage et la cognition (Levelt, 1989 ; Chomsky, 2006; Geeraerts et Cuyckens, 2010), entre langues, pratiques langagières et société (Bourdieu, 1982 ; Boyer, 1991 ; Calvet, 1993) et entre les différentes modalités du langage (Millet et Estève, 2009 ; Blondel, 2020).
En linguistique formelle, l’interface est souvent comprise comme le point de jonction des différentes strates d’analyse linguistique et leurs relations logiques (Chomsky, 2001), mettant ainsi en avant la complexité du langage humain en L1 ou LN (Ramchand et Reiss, 2007 ; Ackerman et Malouf, 2013, Domínguez, 2013). Les différentes interfaces permettent une analyse en profondeur du langage, mettant en relation syntaxe et sémantique (Wechsler, 2020 ; Woods, 2020), morphologie et syntaxe (Cocchi et Pierrantozzi, 2022) et phonologie et morphologie (Zukoff, 2023 ; Kalin, 2022), etc. Ces interfaces posent parfois question dans des cas de comparaison inter-langues, soulevant le problème de la portée de ces interfaces (Cuxac, 2000 ; Tuggy, 2010).
En linguistique appliquée, l’interface est plutôt comprise comme le lien entre deux concepts, un strictement linguistique et un extralinguistique. Ces interfaces se manifestent dans
l’interprétation de phénomènes linguistiques en lien avec la cognition (Chomsky, 2006, Levelt, 1989 ; Klein et Perdue, 1997), mais également avec des disciplines sociologiques (Cook, 2004 ; Calvet, 1987). La notion d’interface apparaît ainsi dans la création de modèles linguistiques (eg.Levelt, 1981 ; Hornberger, 2006) ; mais également dans des recherches qui lient un concept socio-cognitif et linguistique, dans le cadre d’études ou d’expériences (Portes et German, 2019 ; Tibblin et al., 2023 ; Fornasiero et al., 2024 ; Avanzi et Thibault, à paraître).
Les interfaces entre les différentes modalités linguistiques (écrite, orale, signée et vidéo) forment un champ d’étude interdisciplinaire essentiel pour comprendre la communication multimodale pour les langues vocales ou signées. Cela a soulevé des questionnements autour des relations entre oral et écrit (Halliday, 1985 ; Catach, 1988 ; Harris, 1990), puis en incorporant les interfaces et liens entre écriture, visuel et gestuel (Kress et van Leeuwen, 2001). Plus récemment, les tentatives de mise à l’écrit des langues des signes tels que le SignWriting ont vu le jour, amenant de plus un intérêt sur l’interface inter-modalités, illustrant les défis de transcription de langues non-linéaires. L’émergence de la LS-vidéo permet de repenser la culture de l’écrit et participe à la littératie en langue des signes (Garcia, 2010 ; Sutton-Spence et Machado, 2023).
Discipline scientifique :
Linguistique
Lieu de la conférence