Acquisition, traitement et utilisation d'une L3/Ln: perspectives psycholinguistiques, linguistiques et didactiques
7-9 juil. 2025
Université Sorbonne Nouvelle, Campus Nation 8 avenue de Saint-Mandé, 75012 - PARIS (France)
L'acquisition d'une troisième langue (L3) ou d'une langue additionnelle (Ln) désigne le processus d'apprentissage en cours d'une nouvelle langue étrangère (LE), après celui d'une ou plusieurs première(s) langues (L1) et deuxièmes langues (L2). Elle implique l'étude de la manière dont une L3/Ln est apprise, qui peut différer de l'acquisition de la L1 et de la L2 en raison de facteurs tels que ses antécédents linguistiques, le statut des langues déjà apprises, les compétences linguistiques en L2 et L3, le contexte d'acquisition de la L3 ou encore la distance typologique, réelle ou évaluée par l'apprenant (psychotypologie d'après Kellerman 1983) entre les langues impliquées. Le domaine de l'acquisition L3/Ln n'est pas un champ nouveau, mais il s'est particulièrement développé ces dernières décennies, en parallèle de la perspective plurilingue adoptée dans le CECRL (Cadre Européen de Référence pour les Langues). Le plurilinguisme peut en effet être considéré comme la forme de compétence linguistique par défaut dans la majorité des sociétés contemporaines (Hammarberg 2018). Dans le sillage de ce qu'on appelle le « multilingual turn » (May 2013, Conteh & Meiser 2014) dans l'apprentissage et l'enseignement des langues, l'abandon d'un biais monolingue où le locuteur natif est le seul critère d'évaluation de l'apprenant d'une L2 (Cook 2012) peut s'avérer utile pour faire évoluer le champ de l'acquisition des L2/LE, en offrant une autre perspective sur les concepts d'interlangue, de fossilisation ou de compétence linguistique. Dans les approches cognitives de l'acquisition d'une L3, différents modèles sont discutés dans les travaux générativistes et fonctionnalistes en ce qui concerne le contact des langues à l'état initial. Plusieurs études, anciennes et récentes (par ex. Cenoz, Hufeisen et Jessner 2001, 2003, Hammarberg 2001, Bardel & Falk 2007, Bono 2007, Eibensteiner 2023, Vallerossa 2023) soulignent que l'influence translinguistique se manifeste plutôt entre L2 et L3 qu'entre L1 et L3. Pour d'autres, L1 reste la source exclusive de transfert (Hermas 2014, Sanz, Park & Lado 2015). Certaines études défendent l'idée selon laquelle le transfert peut s'effectuer à partir d'une des langues sources (L1 ou L2) selon sa primauté typologique avec un effet facilitateur (Rothman 2011), voire à partir des deux langues (Flynn, Vinnitskaya & Foley, 2004). Dans ce dernier cas, les expériences linguistiques antérieures peuvent soit améliorer l'acquisition linguistique ultérieure (effet d'amorçage), soit rester neutres. Quant au modèle du scalpel de Slabakova (2017), il défend l'idée que l'influence translinguistique de L1 et/ou L2 opère de manière sélective, propriété par propriété dans le traitement d'une L3, et n'est pas forcément facilitatrice.
Discipline scientifique :
Sciences de l'Homme et Société - Linguistique
Lieu de la conférence