Women's Issues in Transportation : How Wild Women Redefined Research and Practices

Le présent projet porte sur l'écriture de l'histoire de l'introduction et du développement de la question des femmes et du genre dans les études et théories relatives aux systèmes de transport et de mobilité. Ces théories analysent tant la demande de transport pour tous les modes de transport que l'exposition au risque, notamment au risque routier, aux questions de sûreté mais également aux conditions d'exercice des métiers liés au transport. Le projet cherche à comprendre le déploiement de la question de la mobilité des femmes et ses conséquences sur 1/ l'analyse théorique, le développement de nouveaux outils méthodologiques mais également sur la collecte de données et 2/ la définition et la mise en place de politiques de transport au niveau des opérateurs, des décideurs publics locaux et nationaux et leur articulation à d'autres politiques publiques relatives à l'emploi, la santé et l'éducation. Les premiers travaux, académiques mais également opérationnels, où la question des besoins et des spécificités des déplacements féminins apparaissent dans la seconde moitié des années 1970. Ces travaux se concentrent sur deux questions : celle de la mobilité (type de déplacement, budget-distance, budget-temps, choix modal, motif à destination) des femmes et celle de leur exposition au risque routier (l'exposition au risque ainsi que la fréquence et la gravité des accidents diffèrent grandement entre les hommes et les femmes quel que soit le contexte géographique et institutionnel). Ce projet cherche à retracer sur cette histoire en partant de plusieurs hypothèses. La première hypothèse de ce travail est que l'introduction de la question des femmes dans le champ du transport serait la résultante d'un contexte particulier, celui des années 1970. En effet deux évènements obligent à reconsidérer le tout automobile et l'approche en termes de flux sur les réseaux. D'une part les chocs pétroliers rendent l'énergie fossile onéreuse et impactent fortement la mobilité, et d'autre part le pic de mortalité routière de 1972 que tous les pays occidentaux, notamment ont connu. Les tenants de la time geography et les urbanistes ont remis au cœur de l'analyse la mobilité en s'écartant de l'approche purement centré sur le calcul d'optimum de réseau. Parallèlement, les autorités publiques, mais également les compagnies d'assurance, demandent aux chercheurs de comprendre les mécanismes qui causent les accidents et de faire de proposition pour réduire la mortalité routière. Les analyses se concentrent dès lors sur la différentiation des usagers de la route en termes démographiques, sociologiques et économiques. La deuxième hypothèse de ce travail est que celles et ceux qui ont porté les travaux sur femmes et transport ont affichés d'emblée la nécessité d'une approche multi-disciplinaire, dépassement les cloisonnements disciplinaires mais également entre les acteurs et les opérateurs des systèmes de transport. La troisième hypothèse est que le déploiement intellectuel qui se noue autour des questions de la femme dans les systèmes de transport est indissociable de la création du comité AME 20 technique en 1978 « Women's Issues in Transport » au Transport Research Board de l'académie des sciences américaines. Ce comité AME 20 sera le fer de lance de la recherche mais également du changement des politiques au niveau des Etats-Unis mais également au niveau international.