Genre et scènes domestiques rurales

Ces journées d'étude s'inscrivent dans les dynamiques scientifiques récentes autour de l'étude des mondes ruraux, à laquelle elles souhaitent contribuer. Leur objectif est de montrer l'heuristicité du croisement des variables canoniques des sciences sociales (classe, genre, race, mais aussi âge) avec les mondes ruraux. Ces rapports sociaux suscitent déjà des réflexions et activités de recherche dans cette spécialité, en particulier en proposant une étude localisée des classes sociales. C'est aussi le cas du genre, les mondes agricoles ayant notamment été l'objet d'importants travaux sur le statut des agricultrices et de l'exploitation du travail féminin dans les familles. Il s'agit ici de penser à la façon dont ces différents rapports s'activent dans les mondes ruraux. Si les rapports sociaux sont connus pour être le support de rapports de domination dont la combinaison peut être abordée dans une perspective intersectionnelle, ce sont aussi des faits ordinaires, non ou peu pensés par les individus, et ne faisant pas nécessairement l'objet de luttes organisées. À partir d'enquêtes empiriques, ces journées d'études souhaitent contribuer aux connaissances sur les mondes ruraux contemporains, en mettant la focale sur les scènes domestiques de ces espaces. Alors que la sociologie rurale s'est focalisée sur le changement social, sur les rapports entre les “sociétés paysannes” et la modernité, sur les transformations du groupe agricole et sur la composition de la population rurale, il s'agit ici d'aborder ces espaces à partir de ces scènes ordinaires de la vie sociale où s'expriment et se jouent les rapports de classe et de genre. Plusieurs axes sont envisagés : les partages genrés des espaces et des biens domestiques ; les liens entre espace domestique et modes de production ; l'intervention des sociabilités et les effets des mobilités résidentielles ; les rapports aux institutions depuis les scènes domestiques (qu'elles soient religieuses, étatiques, scolaires...). Ainsi, ces journées visent à aborder la production ordinaire des rapports sociaux, et de donner à voir, à travers des enquêtes empiriques, l'état de la recherche sur leurs compositions et recompositions au sein des mondes ruraux, afin de contribuer à la dynamique scientifique dont ils font l'objet. Ces journées d'études sont organisées les 28 et 29 novembre au Centre nantais de sociologie (UMR 6025), avec le Centre Maurice Halbwachs (CMH UMR 8097), le Centre d'étude des mouvements sociaux (CEMS UMR 8044) et le cluster GENDER de Nantes Université. L'équipe d'organisation : Gala Agüero (docteure en anthropologie, Centre Maurice Halbwachs, UMR 8097), Kheloudja Amer (docteure en sociologie, Centre nantais de sociologie, UMR 6025), Fanny Hugues (doctorante en sociologie, Centre d'étude des mouvements sociaux, UMR 8044) et Victor Lecomte (doctorant en sociologie, Centre nantais de sociologie, UMR 6025).