Archives de l’archéologie française à l’étranger : de l’inaccessibilité des documents à la réutilisation des données.
21-23 mai 2024
École française d'Athènes - Athènes (Grèce)
https://archiv-archeo.sciencesconf.org
Comment concilier attentes et besoins des producteurs, gestionnaires et usagers ?
Des archives précieuses à plus d'un titre:
Créée majoritairement sur le terrain, l’archive de fouille est le produit d’une recherche qui souvent documente les faits à mesure qu’elle les détruit. Dans ce contexte, l’information se transmet du sol aux documents de manière unilatérale, conférant alors à l’archive de fouille un statut d’original non reproductible, le retour à certaines observations de terrain étant parfois impossible. Ceci est d’autant plus prégnant dans les sites archéologiques des zones de conflits, pour lesquels les destructions font de l’archive l’unique témoin précieux d’un passé aujourd’hui disparu. La question du versement de ces documents dans une structure à même de les conserver et de les communiquer est en cela prioritaire.
Archives de l'archéologie, archives de fouille, donnés scientifiques de l’archéologie : une définition à plusieurs niveaux:
Les archives de l’archéologie dépassent le cadre strict des documents produits lors d’activités de terrain et en post-fouille. Selon le périmètre et l’acception choisis, outre ces sources primaires, lorsqu’on aborde l’archéologie au sein de l’enseignement supérieur et de la recherche, c’est toute l’activité d’un chercheur ou enseignant-chercheur en archéologie et de son unité qu’il convient de prendre en compte : programmes et projets de recherche, enseignement, publications et communications, carrière, fonctionnement du laboratoire. Cette production relève du cadre des archives publiques, et constitue, au sens législatif, des documents administratifs, dont la majorité est soumise aux droits d’auteur, certes, mais qui doivent être versés.
Un contexte législatif complexe, une collaboration indispensable:
Mais, au sein de l'ESR, les instructions de tri et de conservation des archives de 2005 et 2007 précisent que le versement se fait dans un service d’archives et ne fournissent pas de délai précis pour le versement de la documentation scientifique, ni pour les activités d'enseignement, les publications et les communications. Le MEAE quant à lui diffuse une lettre circulaire précisant qu’à l’issue du programme quadriennal, la documentation doit être déposée dans un lieu où son accessibilité doit être garantie.
Par ailleurs, les recherches archéologiques françaises à l’étranger sont menées fréquemment en lien avec plusieurs structures. En conséquence, les archives produites par chaque équipe pour un même programme peuvent être réparties dans des lieux de conservation différents, parfois dispersés sur plusieurs pays, ayant chacun un cadre réglementaire propre. Enfin, la législation du pays hôte apporte quant à lui ses spécificités et obligations légales de dépôt qu’il convient de respecter. Ainsi, le fait de collaborer à l’international implique de répondre parfois à des règles multiples et hétérogènes en matière de gestion des archives de l’archéologie.
Des droits d’auteur à géométrie variable:
Ce cadre complexe reste aussi quelques fois difficile à mettre en œuvre, car certains archéologues considèrent ces documents comme des archives personnelles, ou toujours en cours d’étude, l’archéologie programmée à l’étranger étant une recherche sur le temps long. L’étendue des droits moraux et patrimoniaux peut également varier selon la fonction du producteur : agent public, enseignant-chercheur, prestataire privé, etc. ce qui ajoute une difficulté supplémentaire à la mise à disposition des documents et à l’exploitation des données.
Données de l’archéologie et science ouverte:
La politique de science ouverte menée au niveau national depuis ces dernières années a entraîné un changement profond de pratiques dans la manière de gérer, conserver et signaler ces documents et données, changement au sein duquel l’archiviste recherche à présent sa place. Comment concilier les pratiques archivistiques avec les enjeux de la science ouverte, la conservation des fichiers avec les offres d’entrepôts thématiques, le respect de la législation avec l’incitation à ouvrir largement les données ? De son côté, l’archéologue est à la recherche d’un équilibre pour la diffusion des données. Si les attentes de la communauté scientifique et du public sont fortes en terme d’accès aux données en ligne, les archéologues, restent parfois hésitants à communiquer les données qu’ils produisent, alors qu’ils souhaitent eux-mêmes pouvoir largement consulter les archives déjà versées par leurs prédécesseurs.
Enfin, dans certaines zones géographiques, la mise en ligne d’informations archéologiques peut nuire à la protection et la conservation des sites et des vestiges encore enfouis.
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Les EFE et les UMIFRE sont les établissements français de recherche à l’étranger les mieux à même de pouvoir prendre en compte ces besoins et répondre aux attentes des producteurs de données, des gestionnaires de fonds et des consultants.
À l’initiative de l’École française d'Athènes, l’Association des Archivistes Français, le consortium MasaPlus, le ResEFE, les Umifre et laboratoires à l’étranger, organisent en collaboration avec les tutelles ministérielles (MESR, MEAE, MCC), les UMR (à préciser) et la communauté archéologique, des Journées d’études sur « Les archives de l’archéologie française à l’étranger : de l’inaccessibilité des documents à la réutilisation des données. Comment concilier attentes et besoins des producteurs, gestionnaires et usagers ? ».
Trois Journées, dont l’approche se veut pragmatique, seront centrées sur le recueil des attentes et des besoins de la part des différents acteurs de la recherche archéologique. Le thème envisagé aborde les archives et données résultant de programmes de recherche français dépendant du MESR et du MEAE ayant lieu hors du territoire national. Si des comparaisons avec l’archéologie nationale dépendant du MCC sont encouragées, cet aspect ne sera pas développé. Aucune limite géographique n’est fixée, toutefois il sera majoritairement question des programmes de recherche en lien avec le bassin méditerranéen. La question des fonds anciens sera traitée, mais aussi celle des archives des programmes récents et en cours.
Alternant partages d’expériences et sessions de travail en ateliers, les échanges s’attacheront à :
- recueillir les besoins et attentes respectifs, synthétiser ces résultats et faire remonter des remarques/propositions aux établissements organisations et tutelles concernées;
- partager des retours d’expérience sur la gestion, l’exploitation et la valorisation des fonds et collections mettant en avant une nécessaire collaboration à différents niveaux;
- sensibiliser les chercheurs et faire connaître les grilles de service et outils déjà mis en place ou en projet, leur permettant d’être accompagnés tout au long du cycle de vie des documents et données;
- ouvrir la discussion sur l’accès aux documents et l’ouverture des données dans le cadre de la législation française et des pays hôtes;
- structurer un réseau de personnes ressources permettant de poursuivre les réflexions et de fournir assistance aux différents acteurs de la recherche archéologique.
Discipline scientifique :
Archéologie et Préhistoire - Sciences de l'information et de la communication - Héritage culturel et muséologie
Lieu de la conférence