Ressources du sous-sol en tension : Protection et Extraction dans les TerRitoires de mOntagne
8-10 oct. 2024
Université Savoie-Mont Blanc - Bourget du Lac (France)
https://soussol.sciencesconf.org
La production de matières premières minérales a augmenté de façon exponentielle depuis le début du 20e siècle. La demande jusqu'en 2050 devrait suivre une tendance similaire (de +3% à +6% par an selon le métal) (Christmann, 2018), en raison de la croissance de la population mondiale, de l'augmentation des populations urbaines et de l'augmentation du nombre d'habitants et de l'expansion rapide de la classe moyenne. La production primaire (exploitation minière) et la découverte de nouveaux gisements sont une nécessité dans la configuration actuelle de la (sur) consommation et du faible taux de recyclage. Les activités minières (extraction des métaux et traitement des minerais) ont des impacts importants sur l'environnement : enlèvement de la couche arable (dans les mines à ciel ouvert), l'usage des sols est modifié, les excavations sur les versants ainsi que les dépôts de résidus miniers transforment significativement les paysages, les éléments chimiques lessivés par les eaux peuvent provoquer des drainages miniers acides et une contamination des écosystèmes (sols, eaux, organismes vivants) en aval des sites miniers; il résulte de l'exploitation des émissions de poussières, une augmentation du bruit etc. (Ripley et al., 1996 ; Dudka et Adriano, 1997 ; Adriano, 1997 ; Younger et al., 2002). Les activités extractives ont également un impact significatif sur les structures sociales et culturelles : elles accroissent les inégalités économiques, entraînent des conflits liés à l'utilisation des terres et des ressources, et modifient en profondeur l'identité de la communauté, etc. (Werner et al., 2019 ; Horowitz et al., 2018 ; Smart, 2020). Dans le même temps, les injonctions de préservation et de mise en patrimoine des territoires sont de plus en plus marquées (Gravari Barbas et al., 2016). En 2020, d'après les chiffres de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature, 15 % de la surface terrestre étaient protégées, soit 5 % en dessous de l'objectif annoncé. Cette tendance est encore appelée à se développer avec un objectif de 25 % affiché pour 2030. En écho, le nombre de sites inscrits sur la Liste du Patrimoine mondial ne cesse de croître avec des engagements de plus en plus marqués des Etats pour les enjeux de conservation et de valorisation des richesses patrimoniales naturelles et culturelles (1157 biens inscrits en 2022). Entre ces deux polarités, extraction versus protection, quels sont les enjeux auxquels sont confrontés les territoires de montagne ? Tel est précisément l'objectif de ce colloque international : questionner le rôle des territoires de montagne, à la fois comme pourvoyeuses de matières premières mais également d'espaces protégés, aussi bien au Nord comme au Sud et les tensions permanentes entre protection (de l'environnement, culturelle) et mise en exploitation. Le colloque « Ressources du sous-sol en tension » sera organisé en partenariat avec l'Université Grenoble Alpes et le Labex ITTEM dans le cadre du projet de recherche GéoExTour (Les Géoparcs entre protection, valorisation et régulation des activités minières). L'ANR COSMO-ART (pilotage Mélanie Duval, EDYTEM) participera également au co-financement du colloque et une demande de financement a également été adressée au CNRS, seconde tutelle d'EDYTEM. Financé par le Labex ITTEM, le projet de recherche GéoExTour questionne la mise en tension des logiques extractives et des enjeux de protection à partir des géoparcs. En lien avec les territoires au sein desquels ils prennent place, les géoparcs sont des formes de protection négociées par les acteurs des territoires. Dans les pays du sud, fortement marqués par la pression minière, ces outils de protection composent avec de forts enjeux économiques. L'objectif du projet est justement d'interroger ces tensions, en prenant comme étude de cas le projet de Geopark du Gondwanaland en Namibie. Ce projet permet d'ouvrir des questionnements transversaux aux territoires de montagne sur le rôle qui leur est attribué et de questionner en retour le rejet croissant de ces activités dans les montagnes des Suds et le retour récent de ces activités extractives au Nord. Le projet ANR COSMO-ART (2022-2026) est ciblé sur les enjeux de protection et de valorisation des sites d'art rupestre en Afrique australe avec deux études de cas principales, le plateau du Karoo et les montagnes de l'Erongo. Sur ces deux terrains, les premières campagnes de collecte de données ont souligné l'importance des enjeux miniers avec lesquels les logiques de protection des sites d'art rupestre doivent dans le même temps composer. Alors que cette entrée “ressources extractives” n'étaient initialement pas prévues dans le projet ANR, celle-ci nécessite d'être prise en considération. Ces faisceaux de relations expliquent l'implication de l'ANR COSMO-ART dans le projet de colloque “Ressources du sous-sol en tension”. En cela, le colloque “Ressources du sous-sol en tension” s'appuie sur les actuelles dynamiques de recherche liées aux projets GéoExTour et l'ANR COSMO-ART. Dans le même temps, ce projet est nourri par des collaborations engagées depuis plusieurs années au sein d'EDYTEM, que ce soit sur les ressources minières (projets TRAMIN (2016-2018), TOTEM (2019), TESLA (2019-2021), MATEA (2020-2024) et TRAM (2023)) mais également sur les enjeux de protection et de valorisation des ressources patrimoniales liées (entre autres, les projets “Singulariser les territoires de Montagne” (2015- 2018), “Ressources Patrimoniales” (2021-2023), tous deux financés par le Labex ITTEM). Par sa tenue, le colloque permettra la mise en perspective de différentes études de cas et in fine, une montée en puissance des recherches sur l'analyse des tensions et des enjeux auxquels sont confrontés les territoires de montagne entre extractivisme et logiques de protection/valorisation. Le projet de colloque « Ressources du sous-sol en tension » s'inscrit pleinement dans la politique scientifique du laboratoire EDYTEM et dans la programmation scientifique du Labex ITTEM. En effet, l'étude des tensions permanentes entre protection et mise en exploitation des territoires de montagne est au cœur du volet Ressources Minières du thème Ressources et Patrimoines du contrat 2021-2025 d'EDYTEM, mais il s'insère également dans le thème Changements Environnementaux et Société et Epistémologie et Politique des Espaces de Montagne. La vallée de la Maurienne, qui est également un terrain expérimental privilégié du Labex ITTEM sera particulièrement mise en avant lors de l'excursion programmée lors de la conférence. La dimension « Montagne » est centrale puisque l'appel à communication sera centré sur les territoires de montagne. Ce sont des lieux privilégiés de présence des gisements (du fait de la formation des minerais ou de la mise à l'affleurement des gisements par orogénèse) et donc des exploitations. Dans le même temps, ces espaces sont particulièrement concernés par les logiques de protection, avec la mise en place de plusieurs outils (parcs nationaux, parcs naturels régionaux, géoparcs, sites classés, monuments nationaux) visant à protéger des espaces particulièrement réactifs aux actuelles dynamiques climatiques.
Discipline scientifique :
Sciences de l'Homme et Société - Anthropologie biologique - Anthropologie sociale et ethnologie - Archéologie et Préhistoire - Architecture, aménagement de l'espace - Art et histoire de l'art - Etudes classiques - Démographie - Droit
Lieu de la conférence